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Biographie

Delphine Chauvin

Les débuts de Delphine Chauvin dans la presse et l’édition l'ont amenée à raconter des histoires avec ses crayons, à traduire le monde en images.
Son dessin étant une forme d’écriture, il se déforme à l’usage et s’épure avec le temps. Il parle de plus en plus simplement.
Cette façon de travailler la porte constamment vers de nouvelles formes de travaux et de collaborations. De la communication à des commissariats d’expositions, de l’art lyrique à la peinture, de la pédagogie à des résidences artistiques...
L’étape préalable à toutes ces activités est un reportage-terrain, une étude concrète pour poser le sujet. "La communication est une réponse à une question que les gens n’ont pas le temps de se poser." Elle s’inspire de ce qui lui saute aux yeux, de ce qui fait notre humanité : notre relation aux autres et au travail.
Elle est nourrie des œuvres :
- des affichistes Villemot et Savignac, pour l’évidence;
- du styliste Réné Gruau, pour l’élégance;
- du dessinateur Jorge Gonzales, pour la liberté de narration;
- du peintre Cy Tombly, pour l’invention de formes nouvelles;
- du Collectif Grapus pour son engagement graphique social.

SECONDE VIE PAR L'ART

Le travail, présenté ici, appartient à une série de peintures sur linoleum.


Il s’inscrit dans une démarche constante d’utiliser des supports existants pour démarrer une histoire.


À la manière d’une mise en abîme, elle plaçait à l’intérieur du tableau principal un autre tableau qui reprend de façon fidèle les éléments graphiques et les tons colorés du support, une perception visuelle qui associe ce qui est peint et ce qui ne l’est pas.


Exposition collective « Seconde vie par l’art » Hotel du Département de Meurthe-et-Moselle - Nov 2012

Texte par Delphine Chauvain

INTERVIEW

InterviewDelphine Chauvin
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Interview de Delphine Chauvin, sa conception artistique de "Faire Corps" et la liaison du sujet avec son travail.

- Comment interprétez-vous le sujet "Faire Corps" ?

- De quelle manière auriez-vous répondu à ce sujet à travers votre travail ?

J’ai besoin de le décomposer, j’ai besoin de regarder le verbe "faire" et ensuite le mot "corps". Donc le verbe "faire", il s’emploie dans le langage courant pour énormément de situations : faire la vaisselle, faire une machine, faire des courses … voilà tout ça, on utilise le mot "faire", on fait des tas de choses, on fait du foot, on fait.. Mais il y a certaines choses que l’on fait parce qu’on peut les défaire, par exemple, on fait un puzzle, on fait son lit. C’est des choses que l’on peut défaire, on défait son lit, on défait un puzzle. Le verbe « faire », c’est un mot valise dans lequel... je vais donc expliquer en disant : être avec en agissant. Et puis ensuite, le mot « corps », le mot corps ça indique une entité, c’est quelque chose qui se matérialise, on dit que quelque chose prend corps et donc ce corps sert à communiquer, il sert à être en lien, le corps humain est l’enveloppe et la matière qui nous sert à communiquer.

Donc, le sujet "Faire corps", je vais le comprendre par être en lien en agissant et à partir de cette définition, les tableaux qui sont là, ils appartiennent à une série et ils ont été réalisés suite à un reportage croquis dans un grand hôpital de la capitale du Mali. Et je pense que ça a été l’occasion de faire corps, justement, avec la vie qui se déroule, la vie des patients et de leur famille. Il faut savoir que les familles sont là pour nourrir les membres de leur famille qui sont malades et acheter des médicaments, il n’y a pas de service de restauration, donc ça fait beaucoup de familles, pas beaucoup de patient et puis il y a aussi le témoignage de ceux qui travaillent, les soignants, les étudiants en médecine, les techniciens. J’ai vraiment été au plus près de ces personnes, toutes ces personnes qui sont dans l’inquiétude, dans l’attente d’un retour à la maison et au plus près aussi de ceux qui les soignent. Donc voilà, on peut dire que j’ai fait corps, j’ai interrogé, j’ai observé, j’ai dessiné, on a communiqué avec nos corps, eux en se laissant approcher, moi en les approchant, voilà, dans un lieu qui est comme une ville dans la ville, où notre humanité est vraiment nue et souffrante, donc voilà, j’ai été en lien, j’ai été en lien en agissant.

Sous-titres réédités par Lorraine Fleury & Mathys Tanganelli

Entretien : Baya Benlala-Fontaine & Simon Doutavès

LE REGARD DE...

Delphine Chauvin, dessinatrice, diplômée de l’ENSBA de Lyon. Ses débuts comme dessinatrice, dans la presse et l’édition l’ont portée à raconter des histoires, à traduire le monde en images. Son travail est une forme d’écriture comme elle, il se déforme à l’usage et s’épure avec le temps. Il parle de plus en plus simplement.  Elle réalise divers types de projets et multiplie les collaborations. De la communication à des commissariats d’expositions, de l’art lyrique à la peinture, de la pédagogie à des résidences artistiques, Delphine Chauvin prône dans la diversité des pratiques artistiques et professionnelles s’inspire de ce qui fait notre humanité : notre relation aux autres et au travail.

Dans l’exposition collective Seconde vie par l’art à l’Hôtel du Département de Meurthe-et-Moselle, Delphine Chauvin a exposé une œuvre, parmi tant d’autres, intitulée Ce qui est peint et ce qui ne l’est pas (une huile sur linoléum). Cette œuvre joue sur la répétition de motifs, de formes, de touches colorées. Superpositions, plans entremêlés, le fond se combine ainsi aux objets représentés en faisant corps, perception visuelle tourmentée, richesse des formes, pluralité chromatique, ces peintures sur linoléum viennent à nous comme des pâtisseries, des enluminures moyenâgeuses scintillantes. Dans un grand écart, nous dirons que quelque chose des ornements colorés de William Morris, designer, écrivain, poète, peintre britannique se retrouve potentiellement dans le travail de Delphine Chauvin. 
 

La répétition des formes appartenant au linoléum, leur utilisation dans la représentation même des vases, cet ensemble fusionnel englobe fond, formes, et plans, de telle sorte que le regardeur fait face à un amalgame visuel qui l’oblige faire un travail de distinction, de discernement, de détachement des formes afin de les dégager du fond. Le visible joue la carte de l’invisibilité parfois c'est une histoire de phasme en fin de compte. À convoquer des artistes extérieurs pour mieux décrire le travail de Delphine Chauvin, ou du moins ses linoléums, il nous semble bien que l’artiste performeur, activiste et contestataire, Lui Bolin, connu pour ses autoportraits photographiques au sein desquels il se dissimule, se fond, s'intègre tel un caméléon au décor, représente bien ce que nous tentons de dire au sujet de l’effet d’invisibilité dans le visible même. Fusion entre  fond et forme, apparition et disparition, venue et retrait. Victor Hugo ne disait-il pas en son temps dans ses pensées philosophiques : « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface ». Nous en avons ici une déclinaison.

Matin de fête, autre huile sur linoléum, représente des pieds, une boîte de cirage. On y retrouve ce jeu de motifs, de superposition et de fusion. Les éléments ombrés font ressentir un ancrage au sol, à la terre, au monde. En représentant ces pieds, Delphine Chauvin amorce l’imaginaire, elle convoque le questionnement. À qui sont ces pieds ? Que font-ils là ? Apparition, disparition, présence, absence. Pour nous, c’est l’impression de retrouver Les Souliers de Vincent van Gogh, ou la photographie de Walker Evans, Shoes. Les motifs et leur incessante répétition, tel un carrelage, créent un flottement contrastant, les pieds, la boîte de cirage, flottent. C’est la robe de Madame Moitessier peinte par Jean-Auguste-Dominique Ingres dont les motifs prolifèrent, ce sont les motifs repérables dans La Dame à la licorne de Jean d’Ypres, hypnotiques, ce sont une fois de plus les motifs inscrits et répétés sur la robe d’Athéna dans la peinture de Botticelli, Pallas et le centaure, jusqu’aux répétitions répétées du pop art warholien.
 

Et enfin Plateau, ultime huile sur linoléum, toujours ces motifs, ce travail du fond, ce jeu d’indistinction, de textures colorées. C’est un plateau composé de fruits cette fois, de soucoupes, de vases, de théières... Amalgame de formes, de détails, une tapisserie, une pâtisserie, nous le répétons. Les œuvres de Delphine Chauvin sont de véritables petits gâteaux, fusions de couleurs et de matériaux servis sur un plateau avec du thé ! Les oranges flottent, nature morte suspensive dont les fruits mûrs nous arrivent sous forme de confiture.

Samuel Eisele & Lisa Graindorge

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